Ma psychanalyse corporelle

Parcourant ce site, un ami m’a récemment fait remarquer qu’au-delà d’une présentation « théorique » de la psychanalyse corporelle, il aurait aimé pouvoir se nourrir du récit de ma propre expérience. A vrai dire, de mon côté aussi, c’est toujours le vécu des personnes que je rencontre qui m’interpelle, bien avant leur discours. Je vous propose donc ici un aperçu de mon propre parcours en psychanalyse corporelle.

Il faut savoir que, Dieu sait pourquoi, la psychanalyse m’intéresse au plus haut point depuis que je suis très jeune. Je crois que je n’avais pas quinze ans quand j’ai lu Freud pour la première fois. C’était un bouquin sur les rêves. Ne me demandez pas lequel ni son contenu. Je n’en sais plus rien. En tout cas, un des aspects qui, à l’époque, retenait toute mon attention était le fait qu’on avait un inconscient, et qu’il nous dirigeait bien plus sûrement que le conscient. Fait que confirmaient mes propres expériences sur les rêves conscients.

Je suis sorti de l’adolescence avec de grandes blessures, comme tout le monde j’imagine. Pourtant, quelque chose en moi refusait de s’en anesthésier totalement et de se contenter de « vivre avec ».  J’éprouvais le besoin impérieux et sincère de trouver un sens à ce « moi » de souffrance qui terminait de se construire et dans lequel, pourtant, je ne me reconnaissais pas.

Ce sont sans aucun doute les difficultés affectives et matérielles de cette époque qui ont achevé de rendre incontournable ma recherche de réponses et ma mise en mouvement. J’ai alors été à la rencontre de personnes qui m’ont, selon les cas, plus ou moins aidé à calmer la souffrance du moment, mais impossible de m’installer durablement dans l’apaisement. Je n’avais accès qu’à « la queue du dragon », comme je disais. Il ne m’a pas été difficile d’admettre l’évidence : pour rencontrer le dragon en entier, quelques consultations deci delà ne suffiraient pas. Seul un travail sérieux, en profondeur, me mènerait où je le souhaitais.

Quand j’ai entendu parler de la psychanalyse corporelle pour la première fois, je devais avoir une vingtaine d’années. Tout de suite, j’ai été captivé : il existerait une technique capable de nous faire retrouver les fondements-mêmes de notre personnalité ? Ca m’intéresse ! De plus, elle a l’air bien balisée : il y aurait 4 traumatismes à retrouver, après quoi la psychanalyse prend clairement fin. Ca m’intéresse d’autant plus ! Je n’avais jamais été à l’aise avec la clôture, moins évidente, des psychanalyses verbales. Et, dernier élément qui a fini de me convaincre : c’est une technique du corps. Moi qui ne parvenais pas à quitter ma tête et mes réflexions, je serais invité, et même « obligé » à revenir au corps.

Dès que j’ai pu, c’est-à-dire à 25 ans, je me suis lancé. Et je n’ai pas été déçu ! J’ai effectivement trouvé toutes les réponses profondes que je cherchais. Ce sont bien sûr des réponses qui ouvrent chacune au moins dix nouvelles questions, mais ne sont-ce pas là les meilleures ?

Je me suis inscrit à la formation pour devenir moi-même psychanalyste corporel, un an après le début de ma propre psychanalyse, tant la technique me passionnait. La formation a duré cinq ans ; ma psychanalyse, sept. Le trajet n’a pas été simple. Je fais partie de ceux qui ont beaucoup « galéré » : 33 sessions pour retrouver mes traumatismes, là où certains collègues passaient en 12 ou 13. Mais cela n’a aucune importance. C’est le parcours accompli qui me laisse son bon goût. Non seulement, mon corps a pu exprimer ses souffrances les plus intimes, mais les émotions aussi ont été revécues. Il y a bien sûr les réponses d’ordre plus intellectuel – le sens est important – mais il y a aussi toutes les réponses émotionnelles et corporelles. Celles-là, j’en sous-estimais l’importance alors que, tout compte fait, elles sont primordiales. Comprendre pourquoi j’avais mal ne suffisait bien sûr pas à m’apaiser. Il fallait pour cela retraverser tout le subconscient jusqu’à sa racine.

Tout ça pour quoi ? L’impact dans ma vie est multiple et il est difficile d’établir un lien de cause à effet incontestable entre ce que je suis devenu et ma psychanalyse corporelle. Cependant, à 25 ans, je ne gagnais pas d’argent, je rencontrais beaucoup de difficultés dans mes relations amoureuses, je galérais dans des études interminables et n’avais aucune confiance en moi. Aujourd’hui, ma vie matérielle se porte très bien, ma vie de couple et de famille est équilibrée et très heureuse – je n’ai pas dit facile – et j’ai pas mal d’amis chers sur lesquels je peux compter et avec lesquels je peux partager mes passions. Ca, c’est pour le côté visible. Intérieurement, je me sens beaucoup plus en paix et j’ai la sensation de me connaitre beaucoup mieux. Grâce à cette connaissance de mes propres mécanismes intérieurs – et donc grâce à ma psychanalyse corporelle – j’ai la sensation d’être devenu plus pleinement acteur de ma vie. J’apprends, jours après jour, et avec passion, à déjouer – conscientiser et aimer – mon programme subconscient qui tend à m’organiser une vie toute petite, toute cloisonnée par d’anciennes peurs. J’aime apprendre, petit à petit, à le voir à l’oeuvre et à m’en libérer pour aller vers ma créativité et, par la même occasion, vers ce pour quoi je suis probablement fait.

Voilà ce que j’en dirais à l’heure actuelle.

Merci de m’avoir suivi jusqu’ici. A bientôt !